Plus d’information sur le Grand Projet ferroviaire et inutile du Sud-Ouest sur la page de présentation du GPSO
Le lundi 27 octobre 2025 devrait s’ouvrir pour une durée de 30 jours une participation du public par voie électronique (PPVE) sur la demande d’autorisation environnementale de la SNCF pour la première phase du GPSO. Cette consultation, étonnante dans sa nature, est considérée comme illégale par une grande part d’associations et de collectifs le long du tracé. Elle est aussi une forme de mépris démocratique supplémentaire sur ce projet, où encore une fois on cherche la participation la plus basse possible des citoyennes et des citoyens.
Quelles actions en ce moment ?
Pendant la semaine du 20 octobre 2025, plusieurs associations et collectifs se sont rassemblés et ont envoyé un courrier aux différents préfets afin de demander l’ajournement de l’enquête publique. Cette lettre détaille les points que l’on considère comme potentiellement illégaux et rappelle l’incomplétude du dossier de SNCF Réseau, rappelé par plusieurs avis de consultation, comme celui de l’Autorité environnementale ou du Conseil national de la protection de la nature.
Si la consultation n’est pas ajournée le 27 octobre 2025 au matin, nous invitons à : participer à cette enquête publique en apportant les critiques de forme de cette consultation citoyenne.
C’est pas une enquête publique ?
Déjà au nom, vous avez sans doute remarqué que le terme enquête publique n’est pas utilisé. La participation du public par voie électronique est en effet bien différente de l’enquête publique et cela pose un problème.
Enquête publique
- La désignation d’un ou plusieurs commissaires enquêteurs, indépendants des services de l’État.
- La possibilité de participer depuis n’importe quelle mairie des lieux concernés par l’enquête publique.
- Un rapport réalisé par ces commissaires enquêteurs mentionnant un avis favorable ou défavorable doit être rendu à la fin de la procédure.
- Le dossier permettant de faire son avis sur le projet est physiquement disponible en mairie, ou lors des permanences, en plus d’être présent en ligne.
Participation du public par voie électronique
- Procédure allégée de consultation du public.
- Participation exclusivement réalisable par Internet.
- Dossier accessible uniquement de manière électronique.
- Rapport de fin de participation réalisé en express par les services de l’État à la fin de la procédure.
Le choix illégal de la PPVE
Durant notre conférence de presse du 24 octobre 2025 à Saint Médard d’Eyrans, nous avons mis en avant la justification de la préfecture sur leur choix d’avoir recours à la Participation du public par voie électronique.
Pour les préfectures, ils auraient recours à ce mode d’expression car pour eux, il y a déjà eu auparavant une enquête publique sur ce dossier : l’enquête publique de 2014 sur la déclaration d’utilité publique.
Faire donc appel à l’article 122-1-1 du code de l’Environnement et aux dispositions permettant de choisir de faire une PPVE au motif qu’une enquête publique sur un autre sujet a été fait il y a 11 ans nous parait tout simplement abusif.
Quelques remarques :
- Si la population s’est exprimée sur le dossier de 2014, cela veut dire qu’il n’y a pas eu de modifications majeures et d’améliorations du dossier en 11 ans ?
- L’enquête publique concernait la déclaration d’utilité publique et non l’autorisation environnementale. Il n’y a pour l’instant jamais eu d’enquête publique sur l’autorisation environnementale.
- Même en 2014-2015, l’avis de la population rejetait largement ce GPSO, et la commission d’enquête a laissé un avis défavorable sur le projet suite à l’enquête publique.
Pour l’Autorité environnementale : un dossier incomplet
Le 25 septembre 2025, l’Autorité environnementale a de nouveaux examiné le dossier des promoteurs du GPSO et a rendu un avis sur l’ensemble du projet.
Dans un avis de 82 pages, l’Autorité environnementale pointe les lacunes de fond, que ce soit sur les cartographies ou sur les cahiers territoriaux qui sont jugés « d’inachevés ». Elle relève l’absence ou l’obsolescence de données chiffrées, essentielles notamment à l’évaluation de l’éventuelle Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur – RIIPM du projet, l’absence d’études de solutions de substitution pouvant satisfaire plus correctement aux objectifs du projet et moins impactantes pour l’environnement.
De manière générale, l’Ae, composée de spécialistes et de techniciens, n’arrive pas à avoir « une vision d’ensemble cohérente et robuste des incidences ».
Si une assemblée de personnes dont cela est le métier de décortiquer ce type de projet indique que le dossier est incomplet, comment les citoyens pourront à leur tour disposer d’une information éclairée pour pouvoir décider en toute autonomie ?
Consultation illégale,
demandez l’ajournement !
Dans un premier temps nous vous invitons toutes et tous à participer à cette enquête publique en apportant les critiques de forme de cette consultation citoyenne.
Autres critiques de forme
La consultation par voie électronique impose aux citoyens l’usage d’un ordinateur et d’Internet pour pouvoir consulter le dossier et participer.
En 2023, l’INSEE rapportait des statistiques sur les personnes de plus de 15 ans n’ayant pas l’usage de l’outil numérique ou n’ayant pas les compétences pour l’utiliser. Cela concerne :
- plus d’1 personne sur 6 en France.
- plus d’1 personne sur 5 pour les habitants éloignés des grandes villes.
- près d’1 personne sur 4 pour les habitants des petits pôles urbains.
Les villes et villages concernés par cette PPVE ne sont que des communes rurales ou à proximité de petits pôles urbains.
Il y a donc une volonté d’avoir une participation faible des habitants des communes impactées.
Sources :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/8616801?sommaire=8616883
https://www.insee.fr/fr/statistiques/7636058
Cet été, plusieurs agglomérations ont dû éplucher le long dossier de 25 000 pages déposé par SNCF Réseau. Tellement impressionnant en taille que plusieurs communes n’ont pas réussi à simplement le télécharger. D’autres communes, dotées d’une connexion fibrée, ont mis plus d’une heure et demie pour télécharger l’intégralité du dossier.
C’est ce même dossier qui sera mis à la disposition du public lors de la consultation du public.
Plusieurs questions se posent :
- Comment peut-on, en trente jours ingérer, comprendre, décortiquer un projet aussi volumineux ?
- Comment peut-on avoir une appréciation concrète des travaux, de leurs emplacement, sans avoir à disposition des cartes imprimées et comparables et superposables physiquement ? (Pour comprendre l’impact sur les sols, les cours d’eau etc…)
- Comment les personnes faiblement dotés en compétences numériques et en matériel numérique pourront se faire une idée de ce qu’est et ce que prévoit ce projet ?
