Les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux, AFSB, sont la première brique du GPSO. Les élus de Bordeaux Métropole ont accepté de le financer en justifiant l’investissement de près de 1 milliard d’euros par le besoin de nouvelle voie pour débloquer le bouchon ferroviaire au sud de Bordeaux, sans mentionner explicitement le fait que ces aménagements servaient en priorité l’entrée des lignes à grande vitesse au coeur de la métropole.

NB : Les AFSB prévoient la construction d’une troisième voie sur 12 km entre la gare de Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans, ainsi que le réaménagement de ces deux gares et des haltes de Villenave-d’Ornon et Cadaujac.

Or un groupe d’élus s’est penché sur la question en demandant les chiffres précis à SNCF Réseau et la contre-expertise d’associations du ferroviaire. Ils concluent :  « Les échanges fournis et constructifs que nous avons eu avec SNCF Réseaux depuis le 7 mai 2023 nous amènent à émettre de sérieux doutes quant à l’utilité réelle des AFSB. Les documents qui nous ont été transmis par SNCF Réseaux indiquent que les voies existantes seraient suffisantes pour absorber les circulations prévues pour répondre à la fois aux exigences du RER métropolitain et à l’augmentation du trafic TGV et fret remettant ainsi en question la nécessité de la réalisation d’une troisième voie. »

En effet, tandis que SNCF Réseau annonce que les AFSB permettent « une augmentation du trafic voyageurs et fret », l’association Transcub démontre que les prévisions de circulation envisagées ne prévoient pas d’augmenter la fréquence de ces trains du quotidien par rapport à la situation actuelle. De fait, aux heures de pointe du matin, 9 trains arrivent aujourd’hui en gare de Bordeaux – 4 TER semi-direct et 3 TER périurbains, plus 2 TGV en provenance d’Agen et Toulouse.  Et on passerait à 18 trains, dont 8 TGV et 10 trains du quotidien – 4 TER semi-dreicts, 4 péri-urbains, et 2 service express métropolitain de Bordeaux, faisant la liaison Saint-Jean – Beautiran. Sauf que cette dernière desserte, qui ne figure pas dans le programme du RER Métropolitain, est impossible aux horaires indiqués par SNCF Réseau car les trains ne pourront pas se croiser sur les lignes qui leur sont affectées.

Les élus apportent des éléments complémentaires :

  • « On nous annonce des chiffres qui nous paraissent pas du tout vraisemblables, sur le cadencement et le nombre potentiel de futurs passagers » – Sophie Mette, députée (Modem) du Sud Gironde, et membre de la majorité. Par exemple, il est annoncé une multiplication par 6 d’ici 2030 de la fréquentation de la gare de Bègles, qui passerait de 38020 montées/descentes annuelles en 2022 à 223380 ;
  • « Notre dernier rendez-vous n’a pas permis à SNCF Réseau d’infirmer la lecture des graphiques de circulation qu’en fait Transcub. A aucun moment, on nous a avancé des arguments techniques. SNCF Réseau se retranche vers l’autorité organisatrice des transports, en l’occurrence la Région Nouvelle-Aquitaine, qui lui demanderait cela. » – Loïc Prud’homme, député :a France insoumise de la 9e circonscription de Gironde.

D’autres solutions ne sont pas étudiées ou passées sous silence, comme une gare départ-terminus à Beautiran, les matériels disponibles qui permettraient d’augmenter la capacité des trains.

« Sachant qu’aujourd’hui, 80% des usagers ont déjà un service au 1/4 d’heure, on n’est pas non plus à la rue par rapport à ce qu’on défend tous, le report modal vers le ferroviaire. » – Loïc Prud’homme.

La demande de moratoire de la coalition d’élus en lecture ci-dessous :

231129-COU- Letrre commune – AN- SENAT