Si les grands projets posent un problème de “soutenabilité” en premier lieu par leur besoin en ressources, foncier et énergie et par les émissions qu’ils génèrent lors des  chantiers (et via l’industrie du BTP associée, responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France), ils sont également associée à une logique de croissance investie par le macro-projet de métropolisation – logique elle-même insoutenable comme on le sait a minima depuis le rapport Meadows.

Le projet du GPSO s’accompagne ainsi de tout un argumentaire associé aux “métropoles millionnaires”, profitant à d’autres grands projets et dont les liens Euratlantique-GPSO à Bordeaux sont emblématiques (l”Opération d’Intérêt National de Euratlantique a d’ailleurs été décidée en 2010 dans la perspective de la LGV Sud Europe Atlantique, le grand frère du GPSO). On lit par exemple dans le document de présentation du projet Euratlantique aux habitants :

l”Opération d’Intérêt National (OIN) Bordeaux Euratlantique accompagne le développement de la métropole bordelaise en proposant une offre immobilière alternative à l’étalement urbain

Ce qui permet ensuite aux promoteurs du GPSO d’affirmer, tel un serpent qui se mord la queue :

« Les centres d’affaires de Toulouse, Dax, Pau, Bayonne et bien sûr Bordeaux vont se développer si la LGV se fait. La cible de la LGV, c’est le bassin d’emplois des cadres. Bordeaux et Toulouse ont la chance d’être les deux villes les plus attractives pour les jeunes cerveaux de 25-40 ans. » [André Delpont expert économique de Euratlantique, cité dans un article de Rue89].

Or, comme le souligne Guillaume Faburel dans “métropoles barbares” (prix 2018 du livre d’écologie politique), “le concept de “métropolisation” obéit à la même logique que celui de “développement” : il n’a jamais désigné une simple virtualité, mais qualifie une réalité en acte. Les deux termes servent ainsi à légitimer ex post un projet politique mis en oeuvre hors de tout débat préalable sur la fin et les moyens d’y parvenir.”.

Il souligne d’ailleurs les liens de ce phénomène de métropolisation avec l’industrie du BTP : “les résultats du concours international d’octobre 2017 “Inventons la Métropole du Grand Paris”, qui promet 7,2 milliards d’euros d’investissement en fonds métropolitains sur les sept prochaines années, sont éloquents : 30 des 51 projets lauréats sont pilotés par des grandes entreprises du BTP, dont 20 pour les seuls Bouygues et Vinci.”

Le point commun de la métropolisation et des grands projets est l’idéologie néolibérale.  Julien Milanesi fait l’exposé de cet imaginaire commun dans son article pour le Centre d’Etude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir :  “Nous avons identifié les deux fonctions essentielles des infrastructures comme étant celles de répondre aux besoins croissants de mobilité et de générer de la croissance économique. Pris ensemble ces deux fonctions donnent à voir une relation circulaire entre ces équipements, la croissance économique et la mobilité des personnes. Les infrastructures généreraient de la croissance, elle-même génératrice de mobilité qui suscite à son tour un besoin de nouveaux équipements.”

Il ne reste qu’un pas pour faire le lien entre grands projets et métropolisation au niveau mondial : “Les infrastructures de transports trouvent paradoxalement une nouvelle justification, celle d’infrastructures de la mondialisation. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, sur le plan économique la dernière fonction des grandes infrastructures de transport encore agissante est celle conduisant, par l’intermédiaire des économies d’échelle qu’elles suscitent, à une concentration des activités. Elles participent ainsi à renforcer les grandes métropoles en concurrence sur les marchés mondiaux (Faburel et Girault 2016) et permettent de faire circuler rapidement entre ces villes les élites économiques et politiques mondialisées. Elles sont en cela cohérentes avec la stratégie mercantiliste européenne misant sur l’intégration à la mondialisation et la conquête des marchés extérieurs pour renouer avec la croissance économique.”