Cadres vs. autres catégories socioprofessionnelles

48 % des voyageurs en train à grande vitesse sont des cadres et professions intellectuelles supérieures (source : Autorité des Transports, Enquête 2019 auprès des voyageurs en trains à grande vitesse), et cette catégorie socioprofessionnelle ne représente pourtant que 10% de la population française.

Or on assiste à un sur-investissement sur les LGV durant les dernières décennies au détriment des autres transports collectifs, avec mauvais entretien des lignes et manque de trains TER notamment.

Rappelons à cet égard que le GPSO a été initié en 2014 (enquêtes publiques), à une époque où on parlait beaucoup moins de visio-conférences et d’intelligence artificielle, pratiques qui tendent à réduire sensiblement le déplacement de cette population de cadres. Ce projet n’avait sans doute pas anticipé l’évolution des techniques de communication notamment en milieu professionnel, que le Covid a particulièrement accentué. Et de fait, Air France annonce en septembre 2023 une baisse de 60% des allers-retours
Toulouse-Paris entre 2019 et 2023.

L’effondrement actuel de ces navettes, sans LGV et donc bien avant que la question de la rapidité du mode de déplacement ne soit posée sur la table, montre que les pratiques sont déjà en train de changer. Le président de la communauté de commune Coeur de Garonne expliquait cela dans un article très étayé : « Ceux qui font Toulouse-Paris en avion pour des déplacements du quotidien, il y en a de moins en moins. Même chez les élus, à l’AMF par exemple, on utilise constamment la
visioconférence désormais. Le Covid a entraîné un changement de comportements, et on ne reviendra pas en arrière.
 » (à lire en ligne).

 

Source : Autorité Transports, Enquête 2019 auprès des voyageurs en trains à grande vitesse.
URL : https://www.autorite-transports.fr/wp-content/uploads/2020/07/enquete-tagv-2019.pdf

Métropolitains vs. habitants de communes « périphériques »

Un train qui ne s’arrête pas ne participe pas au maillage du territoire. Ainsi certaines territoires restent enclavés et les petites lignes pâtissent d’un sous-investissement conduisant à des défauts de service (pas de personnel dans les gares, retards, incidents techniques, etc.) tandis que la LGV pompe dans le budget des collectivités pour offrir un voyage aux métropolitains souhaitant naviguer d’une grande ville à l’autre.

Citons à ce sujet l’avis du CESER Nouvelle Aquitaine sur le Budget Primitif 2023 :

« Les mobilités du quotidien doivent rester « la priorité des priorités ». Dans de nombreux territoires, faute d’une offre de transport suffisante, les habitants n’ont d’autres choix que de se déplacer en voiture. Décarboner les mobilités, favoriser le report modal, tout en luttant contre la précarité énergétique qui touche de nombreux ménages, implique de développer une offre de transport adaptée aux besoins des territoires. […] La modernisation du réseau ferré doit constituer la priorité ; à défaut, il sera difficile d’impulser une véritable politique de report modal de l’automobile vers le rail et ainsi d’engager la Nouvelle-Aquitaine vers des mobilités durables. »

Par ailleurs les diagrammes en étoile mettant Paris ou Bordeaux au centre, tel que celui mis en avant dans la plaquette de promotion du GPSO par la Région Nouvelle-Aquitaine,  montre bien ce qui préoccupe les promoteurs du GPSO : les liaisons entre métropoles avant tout. Pour le reste du territoire, s’il va ailleurs qu’en métropole la logique du « circulez, il n’y a rien à voir » domine. C’est d’ailleurs la seule logique qu’une LGV peut servir.