Faire du neuf quand des alternatives de modernisation existent, c’est un luxe que l’on ne peut plus se permettre ♻️
Alors que le GIEC rappelle dans chacun de ses rapports que les efforts de sobriété sont plus que jamais nécessaires, et que chaque fraction de degré compte, il paraît incohérent d’engager un projet avec autant de conséquences écologiques, symbole de la course à la vitesse, “au progrès”, et plus globalement à la croissance, dont on sait qu’elle nous fait foncer droit dans le mur. PIB et destruction du vivant sont “couplés”, l’un ne va en effet pas sans l’autre.
Les actuels plans climat des États nous mettent sur une trajectoire de réchauffement de 2,2 à 3,5 °C degrés à la fin du siècle, et ce en raison notamment de l’incapacité des mesures prises jusqu’alors à diminuer la consommation d’énergie fossile.
Or pour diminuer la consommation d’énergie fossile, le discours ambiant affirme qu’il faut se reposer davantage sur les autres sources d’énergie, justifiant ainsi des projets tels que le GPSO qui nous ferait économiser des énergies fossiles puisque les LGVs circulent grâce à de l’électricité, dont la production peut être décarbonée. Ceci est problématique à plusieurs égards.
- D’une part, ce discours oublie que les “progrès” des dernières années sur les autres modes d’énergie n’ont jamais fait diminué nos consommations d’énergie fossile, bien au contraire. C’est le message de Vincent Mignerot notamment dans son ouvrage “l’énergie du déni” qu’il serait peu évident de synthétiser ici mais que nous vous invitons à creuser avant d’accepter un investissement publique de 14 milliards d’euros sur un grand projet ;
- Ensuite, ce discours oublie que le ferroviaire repose sur des infrastructures et des sources d’énergie qui elles-mêmes reposent sur les énergies fossiles : par l’extractivisme caché derrière l’emploi de métaux. En effet, les métaux et matériaux de construction (béton, …) sont indispensables sur toute la chaîne du ferroviaire (d’ailleurs, on parle bien du réseau ferré), et leur extraction n’est possible qu’à l’aide des énergies fossiles ;
Ainsi la boucle suivante montre que le ferroviaire repose in fine quand même sur les énergies fossiles !
Énergie fossile
> extractivisme
> création de métaux
> création de systèmes de production d’énergie (éoliennes, PV et batteries)
> création de matériaux de construction et de fabrication de matériel roulant
> création d’infrastructures ferroviaires - Enfin, ce discours occulte la priorité donnée par le GIEC et de nombreux rapports : non pas une injonction à consommer une autre énergie, mais celle de consommer globalement moins. Or augmenter la vitesse des trains, c’est augmenter leur consommation d’énergie dans des proportions non négligeables. Un train roulant à 300 km/h consomme plus qu’un train roulant à 220km/h. C’est pour cela que les associations d’opposants martèlent que les alternatives de modernisation sont également plus sobres en énergie et plus cohérentes avec les politiques prônées par le GIEC, notamment la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Tout ceci, sans oublier l’absurdité première de tout ce raisonnement, qui veut que sur 40% du réseau les trains roulent encore au diesel car l’électrification coûte très cher !
… Et que le report modal n’a jamais été prouvé.
… Et que les alternatives de modernisation existent pour connecter les territoires sans recourir à la grande vitesse.
… Et que les chantiers de construction de tels projets sont en eux-mêmes extrêmement consommateurs d’énergie fossile (voir les millions de rotation de camions occasionnées par le chantier, dans l’onglet sur le bilan carbone du GPSO ci-dessous).